EdwardHopper, Maison, vue de cĂŽtĂ©, 1931, Aquarelle sur papier, 50. 8×71. 2 cm, Madrid, MusĂ©e Thyssen-Bornemisza Dans ce tableau, tout oppose l'espace de la maison et celui des rails: opposition des lignes verticales de la maison et, celles, horizontales des rails mais aussi opposition des tonalitĂ©s entre les couleurs froides utilisĂ©es pour la maison et le ciel et les Fridakahlo et edward hopper se dans le sillage d edward hopper edward hopper comme contempteur de la la maison au bord de voie ferrĂ©e 1925 Frida Kahlo Et Edward Hopper Se Reoignent Dans Le RĂ©alisme Revue Choisir Dans Le Sillage D Edward Hopper Edward Hopper Comme Contempteur De La Ville Un Malentendu La Maison Au Bord De Voie FerrĂ©e 1925 En1925, Hopper achĂšve sa cĂ©lĂšbre toile nommĂ©e, Maison au bord de la voie ferrĂ©e, qui est considĂ©rĂ©e comme l'un de ses meilleurs tableaux. L'oeuvre entre dans les collections du Museum of Modern Art dĂšs l'annĂ©e 1930. L'annĂ©e 1933, est marquĂ©e par la premiĂšre rĂ©trospective de l'oeuvre de Hopper au Museum of Modern Art de New York. En 1939, le peintre fait partie du Envente sur 1stDibs - « The Family House at Nyack » (La maison de famille Ă  Nyack), Edward Hopper, Childhood Home, American Modernism, Paper, 35Maisons Ă  partir de 120 000 €. Consultez les meilleures offres pour votre recherche maison bord voie ferree. Modulables lumineuse (sudest) ceinture du lac bon a savoir: bord de voie ferree chauffage. Entre lac et centreville. Decouvrez cette belle maison atypique sur un terrain. Achat / vente ma . Immobilier. Immobilier 5 866 263 annonces. Voiture 768 293 annonces. Emploi 1 Dịch VỄ Hỗ Trợ Vay Tiền Nhanh 1s. hopper edward autoportrai... 1882-1967, peintre et graveur. Edward Hopper Ă©tudie Ă  New York, oĂč il se forme au mĂ©tier d'illustrateur dans la New York School of Illustrating, puis entre au New York School of Art en 1900. Il sĂ©journe plusieurs fois en France et visite plusieurs pays d'Europe, les Pays-Bas, le Royaume-Uni, l'Espagne, l'Allemagne et la Belgique. Hopper se familiarise avec les oeuvres des maĂźtres du Vieux Continent et produit une trentaine d'oeuvres, essentiellement sur Paris. En 1908, l'artiste s'installe dĂ©finitivement Ă  New York oĂč il travaille comme dessinateur publicitaire puis comme illustrateur, un mĂ©tier qu'il n'apprĂ©cie pas. En 1915, il rĂ©alise ses premiĂšres, eaux-fortes et se fait connaĂźtre par les critiques d'art dans une exposition au Mac Dowell Club. En 1920, il a du succĂšs avec sa premiĂšre exposition personnelle au Whitney Studio Club. En 1925, Hopper achĂšve sa cĂ©lĂšbre toile nommĂ©e, Maison au bord de la voie ferrĂ©e, qui est considĂ©rĂ©e comme l'un de ses meilleurs tableaux. L'oeuvre entre dans les collections du Museum of Modern Art dĂšs l'annĂ©e 1930. L'annĂ©e 1933, est marquĂ©e par la premiĂšre rĂ©trospective de l'oeuvre de Hopper au Museum of Modern Art de New York. En 1939, le peintre fait partie du jury du Carnegie Institute, avant d'ĂȘtre Ă©lu membre du National Institute of Arts and Letters en 1945. En 1952, Hopper expose Ă  la Biennale de Venise aux cĂŽtĂ©s de deux autres concitoyens. L'annĂ©e suivante, il reçoit le titre de Doctor of Fine Arts » de l'Art Institute of Chicago. PremiĂšre Ă©dition le 17 juin 2010 Par Sarah Mise Ă  jour le 14 fĂ©vrier 2012 Par Sarah Contenu sous copyright © 2010 - 2022, toutes reproduction strictement interdites sans autorisation Ă©crite du site l'univers des arts. Toute vĂ©ritĂ© n'est pas bonne a croire dire. Beaumarchais Il est 2 heures du matin quand Hans Schönberg et Niels Berger passent enfin le tourniquet du MusĂ©e du Grand Palais Ă  Paris. Dans leur dos, une clameur envieuse salue leur entrĂ©e comme Ă  chaque fois que les gardiens, postĂ©s en bas de l’escalier, autorisent le passage Ă  un nouveau groupe de deux heures et demie de queue dans la nuit froide de ce dimanche 3 fĂ©vrier, ces deux Ă©tudiants suĂ©dois en arts plastiques pĂ©nĂštrent dans le hall menant Ă  l’exposition Edward Hopper 1882-1967, heureux comme des gosses et soulagĂ©s. Nous devons ĂȘtre Ă  7 heures Ă  Roissy pour prendre notre avion de retour Ă  Göteborg, C’aurait Ă©tĂ© rageant d’ĂȘtre contraints de renoncer!».Comme des milliers d’autres, dĂ©terminĂ©s Ă  profiter du marathon Hopper – soixante-deux heures d’ouverture non stop du vendredi 1er au dimanche 3 fĂ©vrier Ă  23 heures – ils ont patientĂ©, au son d’une musique de jazz accompagnĂ©e d’ une distribution de cafĂ© ou chocolat chauds, de cookies, d’eau vitaminĂ©e et de crĂšme pour les mains ! offerts par des sponsors. Une ambiance de ruche A l’intĂ©rieur, une ambiance de ruche tranche avec le sage alignement de la rue. On se bouscule pour retirer ses tickets d’entrĂ©e 12 euros tarif plein, 8 euros rĂ©duit, gratuit pour les moins de 16 ans, attraper un audio-guide, et grimper l’escalier intĂ©rieur menant Ă  la foule est dense dans chacune des salles notamment celles oĂč sont accrochĂ©es les toiles les plus cĂ©lĂšbres du peintre amĂ©ricain – Chambre Ă  New York 1932, Maison au bord de la voie ferrĂ©e 1925 ou le fort Ă  propos Noctambules 1942, avec ses quatre personnages accoudĂ©s au bar dans une lumiĂšre au nĂ©on. Est-ce en raison de l’heure tardive ou de l’impression que chacun ressent de vivre un moment particulier ? On est saisi par le silence, Ă  peine troublĂ© par quelques moindre banquette est prise d’assaut, tout comme les rebords des fenĂȘtres oĂč l’on vient reposer ses jambes, alourdies par les heures de piĂ©tinement. D’habitude c’est interdit mais lĂ , on fait preuve de tolĂ©rance» sourit un gardien, faisant signe Ă  une jeune fille affalĂ©e par terre de prendre sa chaise pour s’asseoir un moment . Je suis partie en RER de chez moi dans les Yvelines Ă  18 heures pour tenter ma chance, dit-elle. Je suis Mais contente de l’avoir fait !». Tenez bon!» Quand on ressort du musĂ©e, une heure plus tard, la queue s’étire encore loin dans la nuit. Ces visiteurs d’avant l’aube n’ont guĂšre plus de 20 ans. Ni le froid ni l’heure tardive n’ont l’air de leur faire peur. Tenez bon, ça vaut le coup !» lance un jeune homme quittant les lieux un catalogue sous le bras. Les gens se sourient, nous remercient de notre accueil, c’est sympa» glisse un gardien emmitouflĂ© dans un l’autre cĂŽtĂ© de l’avenue Franklin Delano Roosevelt, des couples Ă©changent leurs impressions sur la terrasse chauffĂ©e de la brasserie Le Grand palais . Le cafĂ© a calĂ© ses horaires sur ceux du musĂ©e afin d’accompagner ce moment 40 000 visiteurs Ă©taient attendus pour cette opĂ©ration sur trois jours et deux nuits pour laquelle environ 300 salariĂ©s volontaires ont Ă©tĂ© mobilisĂ©s selon les estimations de la RĂ©union des musĂ©es nationaux, qui avait dĂ©jĂ  organisĂ© avec succĂšs des visites de nuit pour Picasso en 2009 et Claude Monet en 2011. Au total, la rĂ©trospective Hopper, premiĂšre organisĂ©e en France et ouverte le 10 octobre 2012, devrait dĂ©passer les 780 000 entrĂ©es. Pour ceux qui auront dĂ» renoncer , le site d’Arte propose une visite virtuelle de consolation. Un snack-bar, la nuit, au coin de deux rues formant un angle aigu, totalement dĂ©sertes. Deux immenses vitres se rejoignant en une pointe arrondie et la lumiĂšre crue de l’éclairage au nĂ©on qui tombe du plafond lui donnent l’air d’un aquarium triangulaire. JuchĂ© sur un tabouret et nous tournant son dos courbĂ©, un homme trapu tient un verre. En face de lui, un couple silencieux semble tout droit sorti d’un film noir lui a un nez busquĂ© et le costume, le chapeau fedora et, entre les doigts, la cigarette d’un dĂ©tective de Dashiell Hammett ; elle a de longs cheveux roux et porte une robe rouge aux manches ne couvrant que les Ă©paules. À leur droite, devant deux grands percolateurs Ă  cafĂ© brillant de l’éclat de leur mĂ©tal, le tronc penchĂ© en avant, un serveur coiffĂ© d’un calot a les mains sous le comptoir Nighthawks. Une haute maison de style second Empire ornĂ©e de colonnades, aux toits spectaculairement mansardĂ©s, Ă  la physionomie presque humaine et Ă  l’allure Ă©trange et menaçante se dresse derriĂšre une voie ferrĂ©e. On la voit en lĂ©gĂšre contre-plongĂ©e d’un peu plus bas que le talus, obliquement illuminĂ©e et baignant dans une lumiĂšre verdĂątre House by the Railroad. Dans une rue vide de toute prĂ©sence, une longue façade couleur ocre formĂ©e par la rĂ©pĂ©tition d’élĂ©ments identiques est frappĂ©e par les rayons du soleil du matin. À l’unique Ă©tage se succĂšdent des fenĂȘtres aux stores levĂ©s ou Ă  moitiĂ© tirĂ©s. Au rez-de-chaussĂ©e, les vitrines d’une sĂ©rie de boutiques, dont celle d’un barbier, reconnaissable au poteau multicolore placĂ© devant elle ; il projette sur le trottoir une ombre trĂšs allongĂ©e, comme le fait quelques mĂštres plus loin une borne d’incendie Early Sunday Morning. Tout le monde a vu ces images, tout le monde se souvient d’elles et beaucoup d’entre nous en connaissent l’auteur ce sont des tableaux du peintre amĂ©ricain Edward Hopper. Comment expliquer l’emprise qu’elles exercent sur tous ceux qui les ont eues sous les yeux ? Pourquoi s’impriment-elles de cette façon dans notre mĂ©moire ? Pour quelle raison, mĂȘme aprĂšs les avoir vues cent fois, continue-t-on Ă  rester fascinĂ© par elles et Ă  tenter de dĂ©chiffrer leur sens ou d’élucider leur mystĂšre ? Dans son livre Un théùtre silencieux l’art d’Edward Hopper, Walter Wells a essayĂ© de rĂ©pondre Ă  ces questions. PubliĂ© en 2007, rééditĂ© en 2011, Ă©crit dans une langue Ă©lĂ©gante et remarquablement traduit en français, l’ouvrage n’est ni une vraie biographie d’Hopper, ni une analyse de son Ɠuvre Ă  la maniĂšre systĂ©matique et chronologique des livres d’histoire de l’art - une discipline qui n’est d’ailleurs pas celle de Wells. SpĂ©cialiste de langue anglaise, de littĂ©rature et d’histoire de la culture amĂ©ricaine, Walter Wells aborde Hopper en essayiste. Abondamment illustrĂ© de reproductions d’excellente qualitĂ©, le livre est structurĂ© en une suite de rĂ©flexions sur quelques thĂšmes rĂ©currents de l’Ɠuvre de Hopper, qui correspondent Ă  autant d’aspects de sa vision du monde, de sa conception de l’art et de sa personnalitĂ© les fenĂȘtres omniprĂ©sentes dans sa peinture, dont les portes sont quasiment absentes, la nuditĂ© et le nu, les rails et le chemin de fer qui apparaissent souvent sur ses toiles, la mer et les marines, l’architecture des maisons et des immeubles urbains, le théùtre, enfin, thĂšme qui sert de fil conducteur Ă  l’ouvrage. Comme l’indique le titre, l’idĂ©e de Wells est en effet que l’Ɠuvre de Hopper peut ĂȘtre dĂ©finie comme un théùtre silencieux théùtre », parce que chacune de ses toiles est comme une mise en scĂšne ; silencieux », parce que le silence est ce que presque tout le monde [...] perçoit immanquablement dans chacun de ses tableaux ». Silence des rues dĂ©sertes, des maisons isolĂ©es, des chambres vides, des trains immobiles, des routes de campagnes perdues, des motels loin de tout, des usines Ă  l’arrĂȘt, des couples qui ne se parlent pas, des petits groupes de gens muets et des personnes solitaires le plus souvent des femmes qui peuplent les peintures de Hopper. Un silence si dramatisĂ©, dit Joseph Anthony Ward dans son bel essai American Silence, et sur lequel l’accent est mis si fort, qu’il en devient le sujet et le thĂšme mĂȘme des Ɠuvres ». Pour expliquer l’effet des tableaux de Hopper, Walter Wells, lorsque c’est nĂ©cessaire, fait appel Ă  des considĂ©rations techniques sur la palette utilisĂ©e, la composition, la perspective et l’organisation de la toile. Pour en dĂ©gager la signification, il s’appuie sur les Ă©lĂ©ments pertinents de l’histoire culturelle amĂ©ricaine et de la biographie de l’artiste. Son ouvrage se veut un dialogue avec les spĂ©cialistes de Hopper, tout particuliĂšrement avec Gail Levin, auteur d’une biographie du peintre qui a significativement modifiĂ© l’image que l’on se faisait de lui. Extraordinairement taciturne NĂ© en 1882 Ă  Nyack, petite ville de l’État de New York, dans une famille de classe moyenne et trĂšs religieuse de Protestants baptistes, Hopper Ă©tait un homme puritain, conservateur en politique, de tempĂ©rament mĂ©lancolique et dĂ©pressif, introverti, extraordinairement taciturne, chroniquement fatiguĂ© et quasiment asocial. Parce qu’il dessinait avec talent, ses parents l’avaient encouragĂ© Ă  devenir illustrateur. Durant sa jeunesse, pour parfaire sa formation artistique, il fit trois sĂ©jours Ă  Paris qui le marquĂšrent pour son existence entiĂšre. Il y dĂ©couvrit les impressionnistes, plus particuliĂšrement Manet et Degas, la littĂ©rature française, qu’il aima toute sa vie, et l’univers du plaisir et de la sensualitĂ©, auquel sa morale rigoureuse lui rendait toutefois difficile de prendre part sans arriĂšre-pensĂ©es. De retour aux États-Unis, il vĂ©cut plusieurs annĂ©es en produisant des illustrations commerciales et pour les magazines, ainsi que des affiches. Au dĂ©but des annĂ©es vingt, sa vie prit un double tournant. Pour la premiĂšre fois, il exposa des Ɠuvres personnelles dans une galerie d’art et en 1924, Ă  l’ñge de 42 ans, il se maria avec une femme d’un an plus jeune que lui, Josephine Nivison, Ă©galement peintre. Durant le reste de leur longue vie, Edward et Jo Hopper allaient vivre ensemble quasiment coupĂ©s du monde, insĂ©parables mais se disputant sans arrĂȘt, pathologiquement dĂ©pendants l’un de l’autre, enfermĂ©s dans ce qu’un tĂ©moin a appelĂ© un dĂ©lire Ă  deux ». Ni l’un ni l’autre n’avaient un caractĂšre facile. CoincĂ© par son puritanisme et victime de ses forts prĂ©jugĂ©s, Edward Hopper Ă©tait un mari autoritaire, souvent brutal et d’humeur presque toujours maussade. Tout au long de leurs quarante-deux ans de vie commune, Jo Hopper a tenu un journal dans lequel elle relatait les faits de leur vie, dĂ©crivait minutieusement la prĂ©paration et l’état d’avancement de chacune des toiles de son mari et faisait Ă©tat de ses multiples dolĂ©ances Ă  son Ă©gard. Jo reprochait en particulier Ă  Hopper de ne pas accorder de valeur Ă  son propre travail artistique et de ne pas la soutenir dans ce domaine, de ne pas l’autoriser Ă  conduire leur voiture il ne s’y rĂ©soudra qu’aprĂšs des annĂ©es, ainsi que son Ă©goĂŻsme dans leurs relations physiques, qui Ă©taient commandĂ©es par les exigences de son seul plaisir leur mĂ©sentente sur ce plan Ă©tait apparemment totale. Dans sa biographie de Hopper, Gail Levin exploite abondamment le contenu de ces journaux, qu’elle tend Ă  prendre Ă  la lettre, ce dont on lui a fait grief. Les relations intenses mais pĂ©nibles du couple Hopper, dont on peut trouver un reflet dĂ©formĂ© dans les Ɠuvres d’Edward, Ă©taient paradoxales et compliquĂ©es. Moins douĂ©e artistiquement que son mari, comme Levin le reconnaĂźt elle-mĂȘme, Jo semble curieusement avoir perdu beaucoup de son talent au moment oĂč elle a commencĂ© Ă  vivre avec Hopper. Son ressentiment envers lui s’accompagnait d’une volontĂ© de s’immerger complĂštement dans sa vie. Hopper et sa femme n’avaient pas d’enfants, et Jo faisait volontiers rĂ©fĂ©rence aux tableaux d’Edward comme Ă  sa progĂ©niture. Elle avait aussi exigĂ© d’ĂȘtre la seule Ă  poser pour lui comme modĂšle Ă  partir du moment oĂč ils se sont rencontrĂ©s, toutes les femmes reprĂ©sentĂ©es dans les Ɠuvres de Hopper, nues ou habillĂ©es, jeunes ou plus ĂągĂ©es, ont Ă©tĂ© peintes d’aprĂšs Jo, transformĂ©e pour les besoins de la cause jusqu’à en devenir parfois trĂšs difficile Ă  reconnaĂźtre Ă  70 ans, elle servit de modĂšle pour des personnages de femme nettement plus jeunes. Edward Hopper et sa femme vĂ©curent toute leur vie dans un petit appartement sans confort situĂ© Ă  Greenwich Village Ă  New York, au sommet d’un immeuble dĂ©pourvu d’ascenseur, auquel on accĂ©dait par 74 marches qu’ils grimpĂšrent quotidiennement jusqu’à leur mort, Ă  un an d’intervalle, Ă  85 ans tous les deux, lui avant elle. Ils ne le quittaient que pour passer l’étĂ© dans leur petite propriĂ©tĂ© de Cap Cod, sur la cĂŽte de Nouvelle-Angleterre, rĂ©gion que Hopper aimait viscĂ©ralement », comme le dit la romanciĂšre Anne Proulx dans son beau portrait du peintre. À quelques reprises, ils l’abandonnĂšrent aussi pour des excursions touristiques, notamment dans l’ouest des États-Unis et au Mexique. Une sorte de littĂ©rature visuelle Walter Wells met bien en Ă©vidence la place que tenait la littĂ©rature dans la vie de Hopper, l’influence qu’ont pu exercer ses lectures sur sa peinture et la dimension littĂ©raire de ses Ɠuvres. Solitaire et apprĂ©ciant peu la compagnie, Hopper, comme Jo, lisait beaucoup, en anglais et en français. Ralf Waldo Emerson et Henry David Thoreau, les penseurs de la Nouvelle-Angleterre, figuraient parmi ses auteurs prĂ©fĂ©rĂ©s, ainsi que, notamment, Herman Melville, Sherwood Anderson, Walt Whitman, Ernest Hemingway, Henrik Ibsen, et, pour les français, Montaigne et Paul ValĂ©ry parce que Hopper rapporte avoir beaucoup aimĂ© la nouvelle de Hemingway Les tueurs, Gail Levin soutient qu’elle a inspirĂ© la scĂšne reprĂ©sentĂ©e dans Nighthawks, mais ceci est pure conjecture. Du fait de cette forte culture littĂ©raire, la peinture de Hopper, n’hĂ©site pas Ă  avancer Walter Wells, s’apparente Ă  une sorte de littĂ©rature visuelle ». Dans chacune de ses tableaux », Ă©crivait John Updike, Hopper semble sur le point de raconter une histoire ». Walter Wells est encore plus prĂ©cis Dans ses tableaux, quelque chose se passe, silencieusement. Et s’il ne se passe rien, c’est qu’il est arrivĂ© quelque chose ou que quelque chose est sur le point de se produire ». Hopper et Jo avaient d’ailleurs pour pratique de donner des noms aux diffĂ©rents personnages reprĂ©sentĂ©s sur les toiles, et de leur inventer une vie et des habitudes. Une vue superficielle de la peinture de Hopper et des raisons pour lesquelles elle retient l’attention est qu’elle est rĂ©aliste et dĂ©peint la vie amĂ©ricaine, plus particuliĂšrement la vie amĂ©ricaine des annĂ©es trente. Qu’Edward Hopper ait façonnĂ© l’image que les AmĂ©ricains eux-mĂȘmes et le reste du monde se font des États-Unis est incontestable. Comme le dit Robert Hughes dans sa belle histoire de la peinture amĂ©ricaine Ses images sont devenues une composante du grain et de la texture de l’expĂ©rience amĂ©ricaine, et mĂȘme aujourd’hui [
] il est impossible de voir l’AmĂ©rique autrement que rĂ©fractĂ©e par elles. [
] L’ effet Hopper » est particuliĂšrement prononcĂ© Ă  New York, oĂč des Hoppers sont partout un homme regardant par la fenĂȘtre, un rayon de soleil sur une corniche, le lobby d’un hĂŽtel de troisiĂšme classe ». Et de toutes les AmĂ©riques, celle que les toiles d’Edward Hopper semblent avoir le mieux capturĂ© est celle de la Nouvelle-Angleterre de l’entre-deux guerres, oĂč ce qui subsistait de la tradition luttait contre l’irrĂ©sistible montĂ©e de la modernitĂ©. La peinture d’Edward Hopper n’est est pas moins trĂšs diffĂ©rente de celle des grands rĂ©alistes amĂ©ricains comme Winslow Homer ou Thomas Eakins, a fortiori des Ɠuvres d’un illustrateur comme Norman Rockwell - trois artistes auxquels on l’a parfois comparĂ©. S’il fallait rapprocher Hopper d’un peintre rĂ©aliste, ce serait plutĂŽt Charles Burchfield, qu’il admirait et dont les tableaux baignent dans une atmosphĂšre de mystĂšre qui n’est pas sans rappeler celle de ses Ɠuvres. Hopper dĂ©testait d’ailleurs l’expression de scĂšne amĂ©ricaine » employĂ©e par les critiques Ă  son propos et se dĂ©fendait de vouloir peindre la rĂ©alitĂ© des États-Unis. InterrogĂ© au sujet des raisons qui le dĂ©terminaient Ă  choisir un sujet plutĂŽt qu’un autre, il rĂ©pondit un jour Je ne sais pas exactement, sinon qu’ils sont les meilleurs mĂ©diums pour la synthĂšse de mon expĂ©rience intĂ©rieure ». De fait, le monde que montrent les toiles de Hopper est moins le monde tel qu’il est rĂ©ellement que l’image mentale que nous produisons dans notre esprit sur la base des sensations et des Ă©motions que son spectacle suscite en nous. Hopper a toujours Ă©tĂ© peu loquace, elliptique et ambivalent au sujet de ses toiles et de leur signification. Cette histoire de solitude a Ă©tĂ© exagĂ©rĂ©e », dit-il ainsi Ă  une occasion. Et Ă  propos d’un de ses derniĂšres Ɠuvres, Sun in an Empty Room, qui comme son titre l’indique, montre une piĂšce vide dont un mur est illuminĂ© par le soleil Quand j’étais Ă  l’école [
] nous nous demandions Ă  quoi pouvait ressembler une chambre quand il n’y avait personne pour la voir ». PlutĂŽt que de reprĂ©senter des individus posant et grimaçant », avouait-il quelques annĂ©es auparavant Ă  Lloyd Goodrich, auteur de sa premiĂšre biographie, ce que je voulais Ă©tait peindre la lumiĂšre du soleil sur le mur d’une maison ». C’est ce qu’il a fait dans cette peinture, ainsi que dans une autre, antĂ©rieure, dont on la rapproche naturellement, Rooms by the Sea, qui reprĂ©sente deux piĂšces ouvertes sur la mer, sur les murs et le sol desquels se dĂ©verse le soleil. Dans ses explications, Hopper soulignait aussi parfois certains Ă©lĂ©ments de ses tableaux au dĂ©triment d’autres. Avec Nighthawks, il affirmait ainsi avoir sans doute inconsciemment voulu reprĂ©senter la solitude des grandes villes » cette solitude de la foule solitaire » du sociologue David Riesman, souvent citĂ© Ă  propos de Hopper. Ce n’est pourtant lĂ  qu’une dimension du tableau. Comme le fait justement remarquer Walter Wells, le snack-bar illuminĂ© peut ĂȘtre considĂ©rĂ© comme un de ces lieux de refuge » que mettent frĂ©quemment en valeur les toiles de Hopper refuges contre les pĂ©rils de la nuit urbaine, mais aussi la sauvagerie d’une nature prĂ©sentĂ©e comme hostile chez Hopper, les arbres et la forĂȘt ont toujours un air un peu effrayant. Un art de la soustraction Plusieurs crĂ©ations de Hopper Ă©voquent les Ɠuvres de peintres surrĂ©alistes comme RenĂ© Magritte ou Paul Delvaux, et les images des phares de Cap Cod qu’il aimait peindre font venir Ă  l’esprit les tours dĂ©solĂ©es et les paysages urbains fantastiques de Giorgio de Chirico. InfluencĂ© par la peinture d’intĂ©rieur hollandaise de Vermeer, Pieter de Hooch et Jan Steen, ainsi que les Ɠuvres romantiques de David Caspar Friedrich, Hopper, qui Ă  la fin de sa vie se disait impressionniste, Ă©tait en rĂ©alitĂ© trĂšs Ă©loignĂ© de l’approche intellectuelle des surrĂ©alistes. Mais il partageait avec eux l’habitude de composer des images essentiellement inventĂ©es. Un des procĂ©dĂ©s qu’il utilisait Ă  cette fin, bien mis en lumiĂšre par Walter Wells, est la simplification. Toujours trĂšs dĂ©pouillĂ©es, les images de Hopper ne comprennent que peu d’élĂ©ments, et jamais aucun qui soit purement dĂ©coratif ou ornemental Ă  une exception prĂšs, les piĂšces de ses maisons ne contiennent pas de fleurs, et ses personnages fĂ©minins ne portent jamais de bijoux. L’art d’Edward Hopper, dit trĂšs bien le critique Morris Dickstein, est un art de la soustraction. Une autre caractĂ©ristique des images de Hopper est qu’elles sont toujours le produit de la fusion d’élĂ©ments existants, retravaillĂ©s par le souvenir et l’imagination. Ceux qui sont partis Ă  la recherche du snack-bar ayant servi de modĂšle Ă  celui de Nighthawks, par exemple, sur la base des renseignements assez vagues donnĂ©s par Hopper, sont revenus bredouilles et déçus. Si un Ă©tablissement de ce type a bien existĂ© aux environs de l’endroit mentionnĂ© par Hopper, ce n’était pas exactement Ă  l’emplacement indiquĂ©, et il n’avait que peu de points communs avec le diner qui figure dans le tableau. De mĂȘme, la salle de cinĂ©ma au dĂ©cor kitch de velours rouge et de colonnades torsadĂ©es du trĂšs beau New York Movie, qui montre une ouvreuse appuyĂ©e sur le mur et perdue dans ses pensĂ©es tandis que l’on projette un film non identifiable devant une poignĂ©e de spectateurs, est une synthĂšse de quatre cinĂ©mas de Manhattan. À quoi bon, alors », fait justement valoir Alain Cueff dans son rĂ©cent essai sur le peintre, chercher Ă  identifier tel lieu prĂ©cis dans New York ou ses environs qui pourrait correspondre Ă  tel ou tel tableau ? Le monde subjectif n’est que la somme des perceptions passĂ©es et actuelles ». C’est son monde intĂ©rieur que peignait avant tout Hopper, et comme l’écrit John Updike, s’il ne s’était pas tournĂ© vers sa rĂ©alitĂ© intĂ©rieure, Hopper n’aurait pas peint des Hoppers ». Certains ont affirmĂ© qu’Edward Hopper Ă©tait un mauvais peintre, qu’il ne savait notamment pas rendre les visages. Hopper ne peignait pas bien les gens », a par exemple Ă©crit John Updike, et Clement Geenberg a fameusement dĂ©clarĂ© Il se trouve que Hopper n’est pas un bon peintre ». Il ajoutait toutefois S’il Ă©tait meilleur peintre, il ne serait sans doute pas un artiste aussi supĂ©rieur ». Walter Wells s’inscrit en faux contre de tels jugements. Hopper Ă©tait un artiste lent et parcimonieux. En plus de soixante ans de vie active, il n’a produit que quelques centaines de toiles et de dessins. Toutes ses Ɠuvres Ă©taient longuement prĂ©parĂ©es, prĂ©cĂ©dĂ©es de multiples esquisses et il pouvait rester de longs mois sans rien achever, surtout Ă  la fin de sa vie. Mais c’était un crĂ©ateur qui maĂźtrisait parfaitement sa technique, tout Ă  fait capable, par exemple, de restituer fidĂšlement les traits d’un visage. Lorsqu’il les laissait dans l’indistinction, c’était de propos dĂ©libĂ©rĂ©, et s’il lui arrivait de violer les rĂšgles de la perspective, c’était en pleine connaissance de cause, Ă  des fins dramatiques. ObsĂ©dĂ© par la lumiĂšre Un point sur lequel personne ne conteste son extraordinaire talent est le traitement de la lumiĂšre. Hopper Ă©tait obsĂ©dĂ© par la lumiĂšre, qu’il identifiait Ă  la vie mĂȘme. Dans ses tableaux, elle est omniprĂ©sente, si ostensiblement mise en avant qu’il la dĂ©crivait lui-mĂȘme souvent un peu trop rapidement et succinctement, Ă  sa maniĂšre laconique habituelle comme leur vĂ©ritable sujet. De Second Story Sunlight, par exemple, qui met en scĂšne deux femmes, l’une jeune, l’autre plus ĂągĂ©e, sur la terrasse d’une maison au toit triangulaire exposĂ©e au soleil, il a dĂ©clarĂ© qu’il Ă©tait une tentative [
] de peindre la lumiĂšre du soleil dans la mesure du possible sans pigment jaune ». À un critique qui l’interrogeait au sujet de l’extraordinaire Summer Evening, un des tableaux les plus rĂ©ussis de Hopper » dĂ©crĂšte avec justesse Walter Wells, qui reprĂ©sente un jeune couple dans une situation de grande tension psychologique sous le porche Ă©clairĂ© d’un bungalow par une chaude soirĂ©e d’étĂ©, Hopper, peut-ĂȘtre il est vrai en partie pour Ă©luder la question embarrassante de la signification rĂ©elle du tableau, mais en des termes trĂšs rĂ©vĂ©lateurs, affirma que le seul intĂ©rĂȘt qu’il lui voyait Ă©tait la lumiĂšre qui ruisselle et la nuit tout autour ». LumiĂšre oblique jaune et vive du matin, douce et orangĂ©e du crĂ©puscule, lumiĂšre verticale de midi ou chaude de l’aprĂšs-midi, dans tous les tableaux de Hopper, on sait toujours Ă  quel moment de la journĂ©e on se trouve. Et dans les vues d’intĂ©rieur et les images nocturnes, la lumiĂšre artificielle lumiĂšre brutale des tubes Ă  fluorescence, plus douce des ampoules Ă  incandescence, ses effets sur les murs et les planchers, comme ses reflets dans les vitres, sont constamment traitĂ©s avec la mĂȘme attention respectueuse et quasiment amoureuse. Dans l’ensemble, Walter Wells analyse les tableaux d’Hopper avec beaucoup de pĂ©nĂ©tration et de finesse. L’organisation du livre par grand thĂšmes, et les multiples rapprochements Ă©clairants de tableaux d’époque parfois trĂšs Ă©loignĂ©es qu’elle permet, contribuent Ă  faire saisir l’unitĂ© d’inspiration de l’Ɠuvre de Hopper et aident beaucoup le lecteur Ă  entrer dans l’univers psychologique, mental et imaginaire si particulier du peintre. La principale faiblesse de l’ouvrage, mais elle est de taille, si grave en vĂ©ritĂ© qu’elle gĂąche presque le plaisir de sa lecture Ă  de nombreuses pages, est le recours dĂ©routant et exaspĂ©rant rĂ©guliĂšrement fait par Wells Ă  ce qu’il faut bien appeler des interprĂ©tations psychanalytiques bon marchĂ©, si grotesques qu’on les dirait parodiques. Hopper avait lu et apprĂ©ciĂ© Freud et Jung, il attribuait beaucoup d’importance Ă  la vie mentale inconsciente, sa personnalitĂ© Ă©tait Ă  bien des Ă©gards un nƓud de problĂšmes psychologiques et, sous une forme le plus souvent oblique et allusive, la sexualitĂ© est trĂšs prĂ©sente dans ses Ɠuvres. Mais identifier systĂ©matiquement, comme le fait Wells, chaque objet long poteau, colonne ou phare avec un phallus, et chaque trou, cavitĂ© ou tunnel avec un vagin ; faire rĂ©fĂ©rence Ă  n’importe quel propos Ă  la figure de la mĂšre et au conflit Ɠdipien mal rĂ©solu, c’est tomber dans des caricatures d’explication tellement rĂ©ductrices et ridicules qu’il faut une Ă©norme dose de bonne volontĂ© pour ne pas refermer immĂ©diatement le livre. Hitchcock et Wim Wenders Wells Ă©voque bien entendu les relations notoirement Ă©troites qu’entretiennent l’Ɠuvre de Hopper et le cinĂ©ma. Grand amateur de films comme Jo, il apprĂ©ciait aussi beaucoup le théùtre, Hopper a fortement Ă©tĂ© marquĂ© par le cinĂ©ma, notamment le cinĂ©ma expressionniste allemand et les films de gangsters amĂ©ricains des annĂ©es trente. Et ce que le cinĂ©ma lui a donnĂ©, selon la formule consacrĂ©e, il le lui a rendu avec intĂ©rĂȘt. De tous les peintres du vingtiĂšme siĂšcle, Hopper est celui qui a le plus profondĂ©ment influencĂ© le septiĂšme art. La frĂ©quentation des salles obscures a renforcĂ© le goĂ»t spontanĂ© qu’avait Hopper pour le format horizontal. Au cinĂ©ma, Hopper a notamment empruntĂ© ses cadrages, ce qu’on est tentĂ© d’appeler ses angles de prise de vue » beaucoup de ses tableaux sont peints en plongĂ©e ou en contre-plongĂ©e, la technique des Ă©clairages et des jeux d’ombre, ainsi que des thĂšmes et des situations. Ces mĂȘmes Ă©lĂ©ments, comme certaines atmosphĂšres, font partie de ce que le peintre a transmis en retour aux cinĂ©astes. Plusieurs toiles de Hopper, Ă  commencer par Nighthawks, ont clairement contribuĂ© Ă  dĂ©finir l’esthĂ©tique du film noir. L’influence la plus frĂ©quemment mentionnĂ©e est bien sĂ»r celle que Hopper a exercĂ©e sur le cinĂ©ma d’Alfred Hitchcock, pleinement reconnue par l’intĂ©ressĂ©. Comme on sait, la maison de Norman Bates jouĂ© par Anthony Perkins dans Psychose est identiquement l’inquiĂ©tante bĂątisse reprĂ©sentĂ©e dans House by the Railroad qu’on retrouve d’ailleurs dans GĂ©ant, le dernier film de James Dean et dans Les moissons du ciel de Terrence Malick, et qui a inspirĂ© la maison hantĂ©e du dessin animĂ© La famille Adams et celle de Disneyland. Mais il y a bien d’autres exemples, y compris dans Psychose. La vue plongeante d’un immeuble surgissant d’un paysage urbain sur laquelle s’ouvre le film, Ă©voque ainsi irrĂ©sistiblement une autre toile de Hopper intitulĂ©e The City. FenĂȘtre sur cour est tout entier une espĂšce d’hommage aux nombreux tableaux voyeurs de Hopper, oĂč le regard pĂ©nĂštre dans l’intimitĂ© d’un intĂ©rieur domestique ou de bureau par une fenĂȘtre Ă©clairĂ©e. L’influence de Hopper sur Hitchcock a Ă©galement Ă©tĂ© relevĂ©e dans Vertigo, et Alain Cueff en a trouvĂ© des traces dans Marnie, L’ombre d’un doute et mĂȘme La corde, dont l’action, filmĂ©e en un plan-sĂ©quence unique, se dĂ©roule entiĂšrement dans une piĂšce situĂ©e au dernier Ă©tage d’un building new-yorkais. DĂ©tresse mĂ©taphysique Un autre rĂ©alisateur revendiquant ouvertement l’influence de Hopper est Wim Wenders, qui s’est souvent exprimĂ© avec chaleur Ă  son sujet et dont plusieurs films, notamment ses films amĂ©ricains », contiennent des rĂ©fĂ©rences ostensibles Ă  sa peinture. On dira la mĂȘme chose des rĂ©alisations de David Lynch, dont les images rappellent souvent celles de Hopper, en plus morbide toutefois, Lynch tendant Ă  y introduire une ambiance trouble absente des modĂšles dont il s’inspire. Mais la liste ne s’arrĂȘte pas lĂ . Des Ă©chos des tableaux de Hopper apparaissent aussi chez Michelangelo Antonioni et Jim Jarmusch ; l’adaptation Ă  l’écran, par Robert Siodmak, de la nouvelle de Hemingway censĂ©e avoir inspirĂ©e Nighthawks comporte une scĂšne qui se passe dans un dĂ©cor rappelant clairement le tableau ; le critique de cinĂ©ma Philip French affirme avoir relevĂ© la prĂ©sence des Ɠuvres de Hopper derriĂšre pratiquement chaque plan » de Picnic de Josuah Logan, qui dĂ©crit la dĂ©sespĂ©rante monotonie et l’ennui profond de la vie dans une petite ville du Middle West, ainsi que dans Road to Perdition de Sam Mendes, dont l’action se passe Ă  l’époque de la prohibition. L’astucieux analyste d’images Alain Korkos a de surcroĂźt documentĂ© l’influence de Hopper sur le cinĂ©ma d’Andrzej Wajda et celui de Woody Allen. L’inventaire pourrait se poursuivre longtemps, tant nombreux sont les rĂ©alisateurs et chefs-opĂ©rateurs, par dĂ©finition hommes d’image, que les Ɠuvres de Hopper ont impressionnĂ©s. Ce n’est pas le fruit du hasard. Entre Hopper et le cinĂ©ma existait une affinitĂ© profonde. Comme le fait pertinemment remarquer le critique Peter Schjeldahl Ses tableaux ne sont pas ceux d’un observateur du monde visible mais d’un metteur en scĂšne propulsĂ© par son imagination [
] Hopper a compris la mĂ©taphysique du cinĂ©ma comme aucun autre artiste jusque, peut-ĂȘtre, Andy Warhol, et mieux que tous les rĂ©alisateurs, sauf les plus grands ». L’Ɠuvre de Hopper a Ă©galement eu un certain impact sur la photographie. Par leur apparent rĂ©alisme, leur contenu psychologique et sociologique, leur caractĂšre trĂšs construit et le rĂŽle qu’y jouent les angles de prise de vue, les cadrages, les ombres et les lumiĂšres, ses tableaux Ă©voquent les Ɠuvres de photographes contemporains. De Hopper », va jusqu’à Ă©crire l'essayiste anglais Geoff Dyer, on pourrait affirmer qu’il est le photographe amĂ©ricain le plus influent du XXĂšme siĂšcle, bien qu’il n’ait jamais pris lui-mĂȘme la moindre photographie ». Des traces de l’influence de Hopper sont Ă©videntes dans les photos en noir et blanc de Robert Adams et celles, en couleur, de William Eggleston et de Stephen Shore carrefours dĂ©serts, routes bordĂ©es de poteaux tĂ©lĂ©phoniques qui se perdent au loin, stations-service sous le soleil. On a Ă©galement suggĂ©rĂ© que l’esprit de Hopper est prĂ©sent chez Walker Evans, Robert Frank et Diane Arbus. Si c’est le cas, c’est de maniĂšre moins manifeste. Dans les images de ces photographes proches de la tradition documentaire et du reportage, l’élĂ©ment social et humain tend en effet Ă  prendre une place centrale qu’il n’occupe pas dans les tableaux du peintre. Un photographe Ă  propos duquel on Ă©voque systĂ©matiquement le nom de Hopper est Gregory Crewdson davantage que photographe, Crewdson devrait en rĂ©alitĂ© ĂȘtre baptisĂ© un metteur en scĂšne d’images fixes, parce que ses compositions trĂšs calculĂ©es sont rĂ©alisĂ©es avec tous les moyens techniques, la logistique et la mĂ©ticulositĂ© de plans de cinĂ©ma. DerriĂšre les similitudes superficielles, on a cependant affaire Ă  deux univers substantiellement diffĂ©rents. Des images de Crewdson Ă©mane une impression de sordide totalement absente des Ɠuvres d’Edward Hopper. Hopper ne peint jamais des placards bĂ©ants, des matelas Ă©ventrĂ©s, des intĂ©rieurs kitchs, vĂ©tustes et saccagĂ©s ou des caravanes rouillĂ©es. Il est le peintre de la dĂ©tresse mĂ©taphysique et de la misĂšre affective, pas celui de la pauvretĂ© matĂ©rielle, de la dĂ©chĂ©ance physique ou de l’indigence culturelle. Dans ses tableaux, les chambres sont propres et fraĂźches et les pavillons en bon Ă©tat ; les protagonistes sont le plus frĂ©quemment des personnes issues de la classe moyenne, leur maintien est toujours exempt de laisser-aller et on les voit souvent en train de lire. Une trompeuse apparence de simplicitĂ© À cĂŽtĂ© de cet hĂ©ritage sĂ©rieux, les images d’Edward Hopper ont donnĂ© lieu Ă  de nombreuses rĂ©cupĂ©rations humoristiques et citations parodiques. C’est tout particuliĂšrement le cas du plus emblĂ©matique de ses tableaux, Nighthawks, dont il existe de multiples versions fantaisistes - l’une d’entre elles met en scĂšne Humphrey Bogart, James Dean, Marilyn Monroe et Elvis Presley. Les tableaux de Hopper ont par ailleurs servi Ă  illustrer des centaines de couvertures de livres, plus particuliĂšrement de romanciers amĂ©ricains, on en a fait d’innombrables affiches et elles ornent souvent les calendriers. Cette multiplication, autour de nous, d’échantillons de l’univers d’Edward Hopper ou de rĂ©fĂ©rences Ă  sa peinture explique en partie pourquoi ses images nous semblent si familiĂšres. Mais l’effet puissant que ces images continuent Ă  faire sur nous, la profondeur Ă  laquelle elles sont enracinĂ©es dans notre imaginaire, la difficultĂ© que l’on Ă©prouve Ă  s’en dĂ©tacher, tiennent Ă  d’autres raisons, bien identifiĂ©es et longuement dĂ©crites par Walter Wells leur perfection formelle, leur charge Ă©motionnelle, leur Ă©loquence muette, leur puissance dramatique, leur caractĂšre Ă©nigmatique, sous une trompeuse apparence de simplicitĂ©. Un théùtre silencieux se referme symboliquement sur une reproduction du dernier tableau peint par Edward Hopper, lui-mĂȘme Ă©minemment symbolique. IntitulĂ© Two Comedians, il reprĂ©sente deux acteurs costumĂ©s en Pierrot et Pierrette, les fameux personnages de la Commedia dell’arte, debouts au bord d’une scĂšne de théùtre, vus du parterre en contre-plongĂ©e, se tenant par la main et s’inclinant lĂ©gĂšrement pour saluer le public. Rappel de la plus remarquable toile de jeunesse de Hopper, Soir bleu, au centre de laquelle apparaĂźt, assis en compagnie louche Ă  la table d’une terrasse de cafĂ©, une cigarette aux lĂšvres, un clown outrageusement fardĂ© en tenue de scĂšne et collerette blanches qui prĂ©sente une forte ressemblance avec le peintre, le tableau, qui fait aussi Ă©cho au Pierrot de Watteau et aux images du film Les enfants du paradis de Marcel CarnĂ©, est Ă  la fois une Ă©vocation de l’existence singuliĂšre et solitaire des artistes et un hommage de Hopper Ă  celle qui a Ă©tĂ© sa collaboratrice, au titre de son modĂšle, durant plus de quarante ans. À 83 ans, Hopper livrait avec cette Ɠuvre d’adieu l’ultime de ces dizaines de tableaux simples bien que mystĂ©rieux, banals bien que poĂ©tiques, familiers bien qu’insondables » Walter Wells, dont il nous a gratifiĂ©s, la derniĂšre de ces images envoĂ»tantes et impossibles Ă  oublier dont il a enrichi notre univers visuel. Michel AndrĂ© hopper edward autoportrai... 1882-1967, peintre et graveur. Edward Hopper Ă©tudie Ă  New York, oĂč il se forme au mĂ©tier d'illustrateur dans la New York School of Illustrating, puis entre au New York School of Art en 1900. Il sĂ©journe plusieurs fois en France et visite plusieurs pays d'Europe, les Pays-Bas, le Royaume-Uni, l'Espagne, l'Allemagne et la Belgique. Hopper se familiarise avec les oeuvres des maĂźtres du Vieux Continent et produit une trentaine d'oeuvres, essentiellement sur Paris. En 1908, l'artiste s'installe dĂ©finitivement Ă  New York oĂč il travaille comme dessinateur publicitaire puis comme illustrateur, un mĂ©tier qu'il n'apprĂ©cie pas. En 1915, il rĂ©alise ses premiĂšres, eaux-fortes et se fait connaĂźtre par les critiques d'art dans une exposition au Mac Dowell Club. En 1920, il a du succĂšs avec sa premiĂšre exposition personnelle au Whitney Studio Club. En 1925, Hopper achĂšve sa cĂ©lĂšbre toile nommĂ©e, Maison au bord de la voie ferrĂ©e, qui est considĂ©rĂ©e comme l'un de ses meilleurs tableaux. L'oeuvre entre dans les collections du Museum of Modern Art dĂšs l'annĂ©e 1930. L'annĂ©e 1933, est marquĂ©e par la premiĂšre rĂ©trospective de l'oeuvre de Hopper au Museum of Modern Art de New York. En 1939, le peintre fait partie du jury du Carnegie Institute, avant d'ĂȘtre Ă©lu membre du National Institute of Arts and Letters en 1945. En 1952, Hopper expose Ă  la Biennale de Venise aux cĂŽtĂ©s de deux autres concitoyens. L'annĂ©e suivante, il reçoit le titre de Doctor of Fine Arts » de l'Art Institute of Chicago. PremiĂšre Ă©dition le 17 juin 2010 Par Sarah Mise Ă  jour le 14 fĂ©vrier 2012 Par Sarah Contenu sous copyright © 2010 - 2022, toutes reproduction strictement interdites sans autorisation Ă©crite du site l'univers des arts. Le vrai moyen de gagner beaucoup est de ne vouloir jamais trop gagner et de savoir perdre Ă  propos. FĂ©nĂ©lon New Realism Style - 147 Ɠuvres d'art Social Realism Style - 27 Ɠuvres d'art scĂšne de genre Genre - 51 Ɠuvres d'art portrait Genre - 3 Ɠuvres d'art intĂ©rieur Genre - 6 Ɠuvres d'art paysage urbain Genre - 49 Ɠuvres d'art paysage Genre - 48 Ɠuvres d'art Marine Genre - 8 Ɠuvres d'art nu Genre - 9 Ɠuvres d'art pen Media - 3 Ɠuvres d'art oil Media - 119 Ɠuvres d'art etching Media - 8 Ɠuvres d'art watercolor Media - 24 Ɠuvres d'art 'Window' paintings SĂ©ries - 27 Ɠuvres d'art 'Couple' paintings SĂ©ries - 4 Ɠuvres d'art

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